Cet hiver-là
Elle a tendu la main, elle attendait la vôtre
Mais elle n’a vu que votre regard fuyant ;
Dans ce froid glacial, Monsieur le bon apôtre
N’avait point de chaleur pour l’être suppliant.
Elle attendait un homme au sortir de l’église
Juste pour demander la pièce pour le pain.
Mais de fortune, hélas ! Que le gel et la bise,
Même pas un salut du bon samaritain...
Il est passé par là sur un quai de la Seine
Quand il a vu la femme emmitouflée de froid,
Couchée en un carton... une terrible scène
Tout au bord de la nuit, qui le glaça d’effroi.
Mais lorsqu’il vit l’enfant blotti contre sa mère,
L’âme déjà partie en d'autres longs hivers,
Il pleura de douleur, il hurla sa colère
A ceux qui ne verront qu’un autre fait divers.
Pour réveiller les coeurs, pour vaincre la misère,
L’abbé des rues lança pour vous, pour moi, pour toi,
Un appel si vibrant qu’il en devint prière
Pour que cet hiver-là, chaque vie ait un toit.
à Henri Grouès, dit l'abbé Pierre... et son appel de l'hiver 54
( photo Internet )
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